Monnaie « CO2 » de Bleu-Blanc-Coeur Echange 2,5 tonnes de CO2 contre deux doses de taureau !

« C’est la fin d’un long chemin et le début d’une nouvelle aventure : faire naître une véritable "économie du carbone en élevage" » explique Bleu-Blanc-Cœur, association qui prône une alimentation du bétail riche en Oméga 3. Désormais, grâce à cette mesure des réductions d’émission d’équivalent dioxyde de carbone (CO₂) des troupeaux laitiers, les éleveurs pourront disposer d’un crédit carbone validé et garanti par les Nations-Unies et donc "monétarisable".

« La clé du développement économique vertueux est bien là, affirme Bleu-Blanc-Cœur. Tout le monde connaît les bienfaits de l’alimentation diversifiée des troupeaux avec plus de pâturage, plus de graines de lin, de pois, de féverole, avec de la luzerne, du lupin, du trèfle… Mais cette alimentation est un peu plus chère que l’alimentation classique à base de maïs et de tourteau de soja. Le système du "compte épargne CO₂" permettra de passer cet obstacle. »

Des entreprises partenaires

Depuis le 15 août 2013, les dix-huit producteurs de lait du groupe pilote inscrits dans la démarche environnementale de Bleu-Blanc-Coeur disposent d’un "compte épargne CO₂" qui leur permet d’acheter sur le catalogue de Bleu-Blanc-Coeur : soit par une partie du paiement en euros + une partie du paiement en CO₂, soit par un paiement uniquement en CO₂. Le règlement en CO₂ se fait à l’aide d’un "bon CO₂" que l’éleveur imprime chez lui afin de le présenter au comptoir de son fournisseur, ou qu’il transfère par internet au fournisseur lorsqu’il souhaite se faire livrer son achat.

Par exemple, un éleveur de 60 vaches laitières engagé dans la démarche et qui a réduit ses émissions de méthane d’un équivalent de 2,5 tonnes de CO₂  durant un mois, peut les échanger auprès, pour le moment, de la dizaine d’entreprises partenaires de la démarche contre :

• Deux doses de taureau Holstein d’une valeur de 50 € auprès de Gènes Diffusion ;
• Un néon basse consommation chez Europrocess pour 190 € + 200 Kg de CO₂, au lieu de 210 €.
• Des bons d’achat dans les magasins Système U, ou pour de l’aliment Valorex, du petit matériel d’élevage, ou des produits de la gamme Lactalis,…

Exemple de calcul

Un troupeau compte 50 vaches. Chaque vache produit 20 litres de lait par jour en moyenne annuelle, avec un régime standard type "maïs-soja". Pour chaque litre de lait, chaque animal émet 18 grammes de méthane.

Si l’éleveur modifie la ration de son troupeau avec une alimentation plus riche en Omega 3 (herbe, lin, luzerne…). On mesure alors (par l’outil Visiolait breveté par Valorex et l’Inra) pour chaque vache une réduction des émissions de méthane de - 20 %.

Les émissions de méthane du troupeau baissent donc comme suit :

50 (vaches) x 20 (litres) x 365 (jours) x 18 (g/l) x 20 % = 1.314.000 grammes de méthane. Soit, 1.314.000 x 21= 27.594.000 grammes équivalent CO₂ (le méthane a un effet de serre 21 fois supérieure à celui du CO₂). C’est-à-dire une baisse de 27,59 tonnes de CO₂ par an.

À titre de comparaison, en considérant qu'une voiture produit en moyenne 127 grammes de CO₂ par km, l’action de cet éleveur équivaut pour la planète à une économie de 217.275 km non parcourus par an ! Et… pendant ce même temps, ses vaches ont produit 1.533 kg de graisses saturées en moins qui ne rentreront jamais dans la chaîne alimentaire.

Néanmoins, ce mode de calcul des émissions de méthane, basé sur l’analyse des acides gras du lait, se limite au mode d’alimentation et ne prend pas en compte les autres émissions de gaz à effet de serre de l’exploitation (fuel, transports, chaulage, azote minéral, déstockage de carbone par le labour, émissions de NO₂ par les lisiers et fumiers…) ou des puits de carbone (stockage dans les prairies permanentes, les haies, le bois, dans le lait et la viande…)

1 tonne de CO2 = 100 €

Comme une réserve or, la monnaie CO₂ doit provenir d’un fonds garanti, accordé par l’Etat français et reconnu par l'Onu. Pour 2013, l’État français a crédité le compte officiel de CO₂ de Bleu-Blanc-Coeur de 9.592 tonnes de CO₂. Bleu-Blanc-Coeur a décidé de faire circuler ces quantités de CO₂ dans le cadre de transactions agro-fournisseurs-éleveurs, en en faisant une monnaie.

« Ce réseau de distribution se fonde sur un accord unanime des fournisseurs pour la valeur de la tonne de CO₂ fixée par Bleu-Blanc-Coeur à 100 euros la tonne, alors qu’on la trouve sur le "marché du carbone" le plus souvent à moins de 1 euro. Cela démontre bien que tous les fournisseurs du catalogue donnent une valeur forte aux efforts de réduction de méthane des éleveurs impliqués dans la démarche environnementale de Bleu-Blanc-Cœur », fait remarquer l’association qui incite de nouvelles entreprises à s’engager dans la démarche. L’intérêt pour les sociétés partenaires : trouver de nouveaux clients tout en faisant un geste pour la planète.

Bleu-blanc-cœur voit grand

« L’objectif de Bleu-Blanc-Coeur, c’est l’accessibilité pour tous. Lorsque le groupe pilote fonctionnera bien, la monnaie vertueuse en CO₂ convaincra d’autres éleveurs de "faire l’effort" pour leurs vaches et pour la planète. Des fournisseurs engagés comprenant cet effort et le valorisant, alors, dans un an, peut-être que ce seront 1.000 producteurs de lait qui utiliseront la monnaie CO₂. Lorsque tous les acteurs engagés feront leurs comptes, ils constateront qu’ils développent leur activité et que le "business vert" a un sens. Alors, dans deux ans, ce seront 5.000 éleveurs qui pourront disposer de cette monnaie CO₂, et plus encore certainement. »